Pour beaucoup, les sujets étaient primordiaux. La population en a pensé autrement mais s’est tout de même prononcée à plus de 46 % ce qui est un beau score de nos jours.
INITIATIVE MINDER
C’était le sujet émotionnel par excellence. Il s’agissait de sanctionner EconomieSuisse qui dilapide des millions en mentant.
Le résultat attendu ne bouleversera pas trop l’espace économique suisse, contrairement à l’Apocalypse qu’ils nous pronostiquaient.
En fait ce sera un petit pas, et peut-être un exemple pour d’autres pays qui seraient bien inspirés d’observer les causes de la réussite des Suisses dans le paysage morose que nous traversons. Et peut-être même mieux, une assurance d’excellence que privilégieront les entrepreneurs exigeants.
Ainsi Genève pourrait dorénavant privilégier les multinationales concernées par une gestion sociale et responsable de leur entreprise.
Sans remise en question, avec si possible un peu d’humilité, EconomieSuisse et les autres associations patronales risquent de continuer leur descente aux enfers.
En fin de compte, lorsqu’on découvre les montants que peuvent consacrer ces associations à la défense d’une idée, on réalise que le vrai pouvoir vient non pas des partis et des contributions qu’ils perçoivent de leurs membres, mais plutôt de ces groupes d’intérêts qui disposent de moyens conséquents pour influer de manière efficace sur le cours des choses.
La transparence sur le financement des partis ne changera donc probablement pas la donne en profondeur.
LAT
Le score est sans appel. Il donne un signal fort des voeux de la population suisse.
Et pourtant, contrairement à ce qui a été dit, je persiste à penser que cette décision est anecdotique.
Tout d’abord, il suffit de vérifier le taux de constructions durant les 15 dernières années pour comprendre que les 15 suivantes ne verront pas d’explosion de la demande et donc pas de mitage conséquent du territoire. Or ce vote ne concerne que les 15 prochaines années.
Ensuite, je suis particulièrement mal à l’aise avec ceux qui se mêlent des affaires des autres. En l’occurrence, si j’étais Valaisan, je serais très fâché. Et je vois très mal comment l’exécutif de ce canton pourra faire le grand écart entre le souhait des gens qui les ont élus et ceux qui vivent ailleurs dans ce pays.
Je fais partie de ceux qui rêvent d’un Etat fort dans les domaines régaliens incontournables que sont la sécurité, la santé, la défense et éventuellement l’éducation. En revanche j’estime qu’il est important de privilégier la proximité et donc de donner un maximum de pouvoir décisionnel à l’individu, puis à la famille, ensuite à la commune, puis au canton et seulement en dernier recours à la Confédération.
Il faudra pourtant respecter le choix des Suisses, mais alors le sujet va largement déborder sur des questions d’immigration, de libre circulation et d’ouverture des marchés à une concurrence internationale passablement dévastatrice.
Ce seront d’ailleurs les prochains sujets qui viendront sur le tapis et il s’agira d’être cohérent.
Comment concilierons-nous nos valeurs de pays d’accueil, d’ouverture avec les restrictions qui se profilent pour le développement des zones d’habitation.
Comment gèrerons-nous l’explosion démographique mondiale qui se traduit de manière spectaculaire en Suisse. En 1800 nous étions 1 million d’habitants en Suisse. Aujourd’hui nous sommes sept millions et nous serons neuf millions en 2050.
A la fin du siècle on s’attend à être 11 millions !
Alors cette limitation du mitage du territoire me semble bien légère en fonction de ces chiffres. Et nous ne parlons pas du simple fait que les ressources de la Terre ne suffiront largement pas pour faire face. A l’heure actuelle, un enfant meurt de faim ou de soif toutes les six secondes ! (coup de gueule de Marc Sauty TDG du 24 février 2013)
POLITIQUE FAMILIALE
Ils doivent être furax les modernes ! La Suisse primitive leur a coupé l’herbe sous les pieds en leur enlevant leur majorité.
Certains fustigeront le Röstigraben, d’autres se féliciteront de la sagesse des anciens.
J’ai voté contre et pourtant je vis à Genève qui l’a validée à près de 70 %. Alors pourquoi ?
C’est assez simple. Tout d’abord, comme pour la LAT, je privilégie la proximité. Je voudrais que le pouvoir décisionnel soit le plus proche de la réalité du terrain et donc des gens qui l’occupent.
Mais surtout, ce qui me sidère, c’est que nous semblons privilégier le droit au travail pour tous plutôt que la qualité de vie.
Je m’explique:
En 1880, Paul Lafargue écrivait un pamphlet visionnaire en dénonçant les masses populaires qui se battaient pour avoir droit au travail. Il faisait l’apologie d’un “Droit à la paresse” et se moquait de ces masses laborieuses et inféodées au “Capital”.
Loin de moi l’idée de dénigrer le travail. En revanche, comment le hisser en vertu suprême alors que la technologie nous permet de nous débarrasser de nombre de tâches ingrates, humiliantes et destructrices pour nous offrir une civilisation de loisirs, jouissances et plaisirs.
Le travail ne doit pas être un devoir, mais un choix. Un choix librement exprimé de participer à l’aventure humaine, contribuer au mieux être du plus grand nombre.
Mais en aucun cas une obligation alimentaire qui implique une réticence, une contrainte que beaucoup voudront contourner en fraudant le système.
L’humain a besoin de donner, produire, faire, participer. Encourageons-le ! Mais ne le contraignons pas. Il se révoltera. Et nombreux seront ceux qui en profiteront.
Aujourd’hui, on veut encourager les femmes à participer à l’économie. Certains demandent ou exigent la parité. Et pourtant, ce vote du 3 mars nous montre clairement que beaucoup ne veulent pas de cette fuite en avant.
Ils estiment que faire des enfants est une responsabilité plus importante que la seule productivité d’un système. Ils aimeraient d’ailleurs pouvoir proposer autre chose à leurs enfants que cette course à la compétitivité qui implique que l’on écrase l’autre pour se faire sa place.
Mine de rien, sous leurs airs rétrogrades, ils sont peut-être les plus futuristes de notre pays par leur remise en question d’un système qui se base sur la compétition plutôt que sur la coopération.
Chaque être est unique. Quel dommage de le conformer à un moule standard !