Election du Conseil fédéral par le peuple ?
Peut-être bien une fausse bonne idée. Mais pourquoi ne pas essayer ?
Notre démocratie directe, qui est un modèle du genre, ne doit pas se reposer sur ses lauriers. S'il est vrai que notre système a fait ses preuves, la formule magique a été bousculée avec l'éviction de Christophe Blocher du Conseil fédéral à la suite de manoeuvres du parlement. Et c'est bien ce qui dérange. La population suisse n'aime pas les magouilles et l'UDC est le plus important parti du pays.
Certes, les défauts sont innombrables. Les citoyens ne connaissent pas les candidats et ce n'est pas un profil Facebook qui nous en dira beaucoup plus. Ils auront donc tendance à élire des candidats sur des critères discutables, tels que la proximité, la langue ou l'apparence physique. La représentativité des régions sera mise à mal. Les campagnes seront coûteuses même si elles n'atteindront jamais les proportions hallucinantes que nous observons aux Etats-Unis. Les candidats indépendants n'auront donc aucune chance, à moins d'être très fortunés. Mais c'est déjà le cas avec le système actuel.
Et pourtant, le peuple suisse est très raisonnable et suffisamment éduqué pour se prononcer valablement, en toute indépendance. Ce que les opposants n'osent pas dire c'est qu'ils n'ont pas confiance dans le peuple. Ils estiment, pour une bonne part d'entre-eux, que la population a besoin d'être guidée dans ses choix par des professionnels. Malheureusement les alliances stratégiques entre partis les décrédibilisent et ils perdent à leur tour la confiance des électeurs.
Les opposants craignent aussi un collège de caractères qui auraient de la peine à s'entendre. En Suisse, on coupe les têtes qui dépassent.
Qui ne risque rien n'a rien. Nous apprenons aussi de nos erreurs. L'important c'est de se lancer, essayer, défricher des pistes. Et si ça ne fonctionne pas mieux, il sera toujours possible de revenir en arrière. C'est aussi la beauté de notre système.
Modifications urgentes de la loi sur l'asile ?
Le caractère urgent prête à sourire. Il semble que ce dossier ait toujours été urgent. A l'époque de Schwarzenbach c'était même brûlant. Et lorsqu'on connait les délais de mise en application des lois...
Dans un monde idéal, il n'y aurait peut-être plus de frontières. Quoique. Notre corps constitue déjà une frontière inviolable. La famille, les biens, la propriété sont aussi des valeurs que nous défendons, ils constituent en quelque sorte une région avec ses particularismes que nous entendons défendre. Il est donc parfaitement vain de se projeter dans un monde utopique qui ignorerait la frontière, la limite que l'on ne peut franchir qu'à certaines conditions.
La Suisse conserve et entretien une bonne réputation en matière de terre d'accueil. Notre pays fait déjà partie de ceux qui contribuent le plus à la gestion des conflits dans le monde, non seulement au travers de différents secretariats de l'ONU et par la présence d'innombrables organisations non-gouvernementales, mais aussi financièrement par des programmes destinés à améliorer les conditions cadres dans les pays concernés et enfin, en dernier recours, par l'accueil en Suisse des plus précarisés.
Nous pourrions certes faire mieux, mais difficilement plus. Pour une simple raison : la globalisation.
Aujourd'hui il n'est plus possible de prendre des décisions à l'échelle d'un pays sans tenir compte de ce qui se passe ailleurs. Tout est lié. Ainsi, pour ne donner qu'un exemple, les Pays-bas, qui sont des pionniers dans leur politique de tolérance en matière de drogues, deviennent une plaque tournante du trafic européen et les coffee shops débordent alors que partout en Europe on ne fume même plus de cigarette dans un bistrot.
Il en est de même avec notre politique en matière d'asile en Suisse. Nous ne pouvons nous permettre d'être trop attractifs et si nous ne prenons pas des mesures, nous n'aurons plus les moyens de nos prétentions et nous risquons de mettre en péril les précieux acquis dans ce domaine. Malheureusement, comme c'est souvent le cas lors de votations, il faut se décider sur des paquets de mesures qui ne sont pas toutes heureuses. Ainsi, l'impossibilité de s'annoncer dans une ambassade à l'étranger et la non reconnaissance du statut d'objecteur de conscience me semblent abusives.
L'accélération des procédures est indispensable, notamment pour éviter de donner de faux espoirs à des candidats qui auront déjà commencé le processus d'intégration. Il est choquant de renvoyer des familles entières après quelques années alors que les enfants vont à l'école et que les parents travaillent. En revanche les centres d'accueil risquent de faire du bruit car ils se veulent inatractifs et risquent de violer les standards internationaux en matière de détention administrative, notamment la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés.
Espérons qu'il restera suffisamment de marge de manoeuvre aux autorités d'exécution pour faire preuve d'humanité au cas par cas.