Votation du 3 mars 2013
Ils doivent être furax les modernes ! La Suisse primitive leur a coupé l’herbe sous les pieds en leur enlevant leur majorité.
Certains fustigeront le Röstigraben, d’autres se féliciteront de la sagesse des anciens.
J’ai voté contre et pourtant je vis à Genève qui l’a validée à près de 70 %. Alors pourquoi ?
C’est assez simple. Tout d’abord, comme pour la LAT, je privilégie la proximité. Je voudrais que le pouvoir décisionnel soit le plus proche de la réalité du terrain et donc des gens qui l’occupent.
Mais surtout, ce qui me sidère, c’est que nous semblons privilégier le droit au travail pour tous plutôt que la qualité de vie.
Je m’explique:
En 1880, Paul Lafargue écrivait un pamphlet visionnaire en dénonçant les masses populaires qui se battaient pour avoir droit au travail. Il faisait l’apologie d’un “Droit à la paresse” et se moquait de ces masses laborieuses et inféodées au “Capital”.
Loin de moi l’idée de dénigrer le travail. En revanche, comment le hisser en vertu suprême alors que la technologie nous permet de nous débarrasser de nombre de tâches ingrates, humiliantes et destructrices pour nous offrir une civilisation de loisirs, jouissances et plaisirs.
Le travail ne doit pas être un devoir, mais un choix. Un choix librement exprimé de participer à l’aventure humaine, contribuer au mieux être du plus grand nombre.
Mais en aucun cas une obligation alimentaire qui implique une réticence, une contrainte que beaucoup voudront contourner en fraudant le système.
L’humain a besoin de donner, produire, faire, participer. Encourageons-le ! Mais ne le contraignons pas. Il se révoltera. Et nombreux seront ceux qui en profiteront.
Aujourd’hui, on veut encourager les femmes à participer à l’économie. Certains demandent ou exigent la parité. Et pourtant, ce vote du 3 mars nous montre clairement que beaucoup ne veulent pas de cette fuite en avant.
Ils estiment que faire des enfants est une responsabilité plus importante que la seule productivité d’un système. Ils aimeraient d’ailleurs pouvoir proposer autre chose à leurs enfants que cette course à la compétitivité qui implique que l’on écrase l’autre pour se faire sa place.
Mine de rien, sous leurs airs rétrogrades, ils sont peut-être les plus futuristes de notre pays par leur remise en question d’un système qui se base sur la compétition plutôt que sur la coopération.
Chaque être est unique. Quel dommage de le conformer à un moule standard !